Oui, La Femme est un Homme comme les autres !
Même si cette date n’a été retenue qu’assez tardivement, affirmer haut et fort que des femmes ont mené un combat pour que leurs droits évoluent vers plus d’égalité, est-ce faire preuve de féminisme où de réalisme ? Dans le domaine des droits, nombreuses sont les figures héroïques masculines qui ont contribué à faire avancer son histoire. Mais si l’on ne peut nier que jusqu’à la fin du XXème siècle la cause des droits des femmes a surtout été soutenue par la gente féminine, l’idée que cette cause puisse faire l’objet d’un engagement sans distinction de genre au XXIèmè siècle est-elle pure folie ? Non, car elle est tout simplement juste !
Le 8 Mars s’inscrit dès le début dans le domaine de la lutte pour l’égalité hommes / femmes !
Le débat sémantique sur les différentes appellations que cette célébration occasionne depuis son apparition à l’aube du XXème siècle ne cesse de nous le rappeler. En effet, tout commence aux États-Unis en 1909, un 28 Février, le Parti socialiste organise la première journée de la femme, The National Woman’s Day. Le 25 Mars un incendie dans un atelier textile à New-York tue 140 ouvrières, dont une majorité d’immigrantes. Elles étaient enfermées à l’intérieur de l’usine ! Cette tragédie, liée à l’exploitation des femmes ouvrières, a un fort retentissement et est commémorée par la suite lors des « Journées Internationales des Femmes » qui font alors le lien entre la lutte des femmes et le mouvement ouvrier.
En Europe, on célèbre la première Journée des femmes le19 Mars 1911 pour revendiquer entre autres, le droit de vote. Plus d’un million de personnes participent aux rassemblements. La Russie n’est pas épargnée par ce mouvement. En1917, alors que deux millions de soldats sont morts pendant la guerre, des femmes choisissent le dernier dimanche de février pour réclamer « du pain et la paix ». On dit que c’est en souvenir de cette première manifestation de la Révolution que, le 8 Mars 1921, Lénine aurait décrété la journée « Journée internationale des femmes. »
En France, c’est en 1914 que des femmes, membres du mouvement pacifiste, organisent à la veille de la première guerre mondiale des rassemblements contre la guerre.
Beaucoup plus tard, en 1975, l’Organisation des Nations Unies adopte une résolution pour célébrer : « La journée internationale de la femme. »
On le voit l’engagement pour les droits des femmes s’accompagne simultanément d’un débat sémantique et en 2013, la ministre française des droits des femmes, Madame Vallaud-Belkacem souhaite que lors de cette journée, l’accent soit mis sur la mobilisation pour l’égalité femmes / hommes, une journée de LA femme mettant trop à l’honneur un idéal féminin. Il est donc clair que la journée du 8 Mars est celle des droits des femmes.
Messieurs, sauf si le cœur vous en dit, l’auto censure étant un mal à bannir absolument… Le 8 Mars, il n’y a donc pas lieu de nous offrir des fleurs , du parfum ou autres, car si l’on ne peut exclure la féminité, dès lors que l’on évoque les femmes, le 8 Mars, célèbre bien davantage la part d’humanité qu’elles partagent avec leurs alter-égos, les hommes ! D’ailleurs, en 1789, ceux-ci gravaient dans le marbre de la Constitution Française l’article premier : « Tous les hommes naissent libres et égaux en droit… » Et pour en finir avec la sémantique, peut-être devrions-nous, dès aujourd’hui proposer que l’on modifie cet article, en substituant le mot « humain » à celui « d’homme », tant ce dernier, hier et aujourd’hui encore, semble pris au sens premier : individu de sexe masculin… et non dans son acception la plus large, la plus universelle !
Enfin et pour conclure quel rôle notre association, Le Crayon, et son exposition internationale de dessins de presse peuvent-ils jouer dans ce combat pour l’égalité ?
Pour y répondre, considérons dans un premier temps l’objet même de l’association : La liberté d’expression. Dans cette thématique, les femmes y ont tout naturellement leur place car depuis toujours celles-ci ont du lutter pour se faire entendre. L’engagement social des femmes a toujours pris la forme d’un combat, celui de faire entendre leur parole, leur point de vue, leur souffrance aussi. Ce combat, elles ont, la plupart du temps, choisi de le mener avec les armes de la paix : les mots, tous les outils capables de transmettre leurs messages : Les crayons, les pinceaux, tous les outils de la communication dont chacun s’accorde désormais pour en mesurer l’immense pouvoir. Beaucoup de dessins de notre exposition ont ce pouvoir, ils choquent parfois, certes ! Mais si l’on ne peut nier que les dessins peuvent choquer, demandons-nous plutôt si ce n’est pas la situation qu’ils nous donnent à voir et qu’ils dénoncent qui est choquante et inacceptable ? Enfin, à travers ces Kakémonos où coexistent des dessins dont les auteurs sont autant de femmes que d’hommes, notre association se fait la porte parole d’une situation qui a évolué .Si avant le combat des femmes n’était livré que par elles-mêmes, ce temps est révolu ! Il est clair aujourd’hui pour beaucoup qu’un monde dans lequel on dénie, à la moitié de ses membres, ses droits pourtant inaliénables, n’est pas viable ! Aujourd’hui le combat féminin est aussi celui des hommes, la preuve par l’image !
Valérie DIREZ
8 mars 2018 vernissage de notre exposition itinérante : « Au bout du crayon, les droits des femmes : Caricatures, dessins de presse et liberté d’expression » à Ramatuelle (Var).