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LIBRES PAROLES : LIZA DONNELLY place 2018 sous le signe des droits des femmes

LIBRES PAROLES : LIZA DONNELLY place 2018 sous le signe des droits des femmes

Trump déclare aimer les femmes, mais beaucoup d’américaines grincent des dents. Pour la dessinatrice de presse new-yorkaise Liza Donnelly, le respect des droits des femmes ne relève pas que de la loi, mais aussi et surtout de la culture !

 

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«SANS DROIT, IL N’Y A PAS DE LIBERTÉ D’EXPRESSION ET SANS LIBERTÉ D’EXPRESSION, IL N’Y A PAS DE DROIT» LIZA DONNELLY

largelargeLiza Donnelly a grandi à Washington pendant le mouvement des droits civiques,  les audiences du Watergate et le mouvement féministe. Militante féministe, conférencière, commissaire d’exposition, auteure de nombreux livres dont Funny LadiesSex and Sensibility, ses dessins paraissent régulièrement dans de nombreux journaux ou magazines dont le très célèbre New Yorker. Elle a inventé une nouvelle forme de journalisme en dessinant en direct sur sa tablette numérique pour CBS News, Medium, NBC… pour qui elle a couvert en direct les élections présidentielles américaines de 2017. Elle est membre de l’association internationale Cartooning for Peace.

Le dessin d’humour est pour elle, un moyen universel pour se faire comprendre dans le monde entier et au-delà des frontières. Il commence par une idée qui nait en observant le monde, en  lisant un journal ou en fouillant sur internet. Les caricaturistes, dit-elle, sont des sortes d’éponges qui observent les gens, leurs manies, leurs comportements et les restituent sur leur planche à dessin ; le dessin, c’est comme une pièce de théâtre mise en scène. L’image et les mots doivent danser ensemble  pour faire du dessin une œuvre d’art intemporelle.

Liza Donnelly dessine pour apporter le changement.

Elle a accepté de répondre à nos questions, nous la remercions chaleureusement.

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largelargeBruno Caïetti pour Le Crayon – Vous êtes l’une des dessinatrices de presse les plus connues et reconnues au monde ; pour vous, quelle est la fonction, voire la mission, du dessin ?

Liza Donnelly – Je vois les dessins politiques comme une forme de communication. D’une part, ils sont utiles pour dénoncer la corruption, et l’injustice dans le monde, ou mettre en lumière les torts des dirigeants politiques et les habitudes culturelles ; et d’autre part, ils peuvent aussi être une forme de dialogue entre les personnes, une discussion ouverte sur des questions importantes et sur lesquelles il pourrait y avoir des désaccords. Bien sûr, l’un des buts est de provoquer le sourire et le rire parfois – mais pas toujours.

B. C.  – L’exposition 2018 du Crayon est donc consacrée aux droits des femmes : vous qui voyagez beaucoup et connaissez bien la scène internationale, est-ce que cela vous étonne que nous ressentions le besoin en France, pays auto-proclamé « des droits de l’homme », d’organiser des expositions comme celle-là ?

Liza Donnelly – Pas du tout ! Les pays les plus libéraux ont encore des problèmes d’égalité concernant les droits pour les femmes, y compris les États-Unis. C’est parce que même si un pays possède des lois en faveur de l’égalité, c’est la culture qui doit aussi changer. Et cela prend beaucoup de temps. Les dessins peuvent aider les gens à comprendre le besoin de changement. Ils soulignent les choses idiotes que les gens se font les uns aux autres et exposent de mauvais comportements, parfois avec humour.

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B. C.  – Comment est la situation aux États-Unis, concernant les droits des femmes en particulier ; et comment la reflétez-vous ou la confrontez-vous, en tant que dessinatrice ?

Liza Donnelly – La situation des droits des femmes est bonne aux États-Unis, mais pourrait être meilleure, bien sûr.

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Nous n’avons pas assez de femmes aux postes clefs du pouvoir, mais cela pourrait changer cette année parce que de nombreuses femmes se présentent aux élections. Il y a encore des inégalités salariales, beaucoup de harcèlement sexuel et de viol et le pays dans son ensemble œuvre à réduire ces situations. Comme je l’ai déjà dit, le changement doit non seulement intervenir dans la législation et les taux de rémunération, mais aussi dans les attitudes culturelles.

Les gens dans leur vie personnelle et professionnelle doivent commencer à traiter les femmes comme les égales des hommes. Comme l’a si bien dit Hillary Clinton en 1995 lors de la Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes en Chine, « les droits des femmes sont les droits de l’Homme et les droits de l’Homme sont les droits des femmes, une fois pour toutes ».

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B. C.  – Notre exposition réunit des dessinatrices du monde entier : pour vous qui avez écrit sur le sujet, qu’est-ce qui différencie les dessinatrices des dessinateurs ; dans l’humour, le traitement des sujets, etc. ?

Liza Donnelly – Les caricaturistes sont des caricaturistes, et que vous soyez un homme ou une femme fait peu de différence. Les femmes ne dessinent pas différemment des hommes, elles n’ont pas une approche différente et les femmes ne dessinent pas toutes de la même manière et ne pensent pas de la même manière. Les femmes sont diverses. La seule chose que les femmes peuvent apporter, en tant que femmes, c’est l’expérience d’être une femme.

Les hommes ne peuvent pas faire cela (mais les hommes transgenres pourraient apporter un point de vue intéressant). Les caricaturistes masculins peuvent et doivent réaliser des dessins sur les droits des femmes. Mais seules les femmes peuvent dessiner des caricatures féministes du point de vue de la femme. Nous avons besoin de tous les points de vue !

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B. C.  – Enfin, le dessin humoristique, et en particulier le dessin de presse, a besoin de la liberté d’expression pour s’exprimer. Depuis plus de 35 ans que vous exercez ce métier, diriez-vous que la liberté d’expression a progressé ou reculé ? Et comment voyez-vous l’avenir ?

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largeLiza Donnelly – Je pense que dans des pays comme la France et les États-Unis, c’est la même chose, la liberté d’expression n’a pas diminué ou augmenté.

Comme vous le savez, ces derniers temps, nous avons connu des défis en ce qui concerne la caricature, mais je les considère comme des périodes d’apprentissage.

Aussi difficiles – et malheureusement mortels – qu’ils furent, ils étaient importants à traverser. Mais certainement dans certains pays qui connaissent des dictatures, la liberté d’expression a reculé.

L’Internet rend plus difficile pour ces gouvernements de faire taire les gens, et c’est bien. Je pense que l’avenir de la liberté d’expression est positif !

Entretien réalisé par Bruno CAÏETTI

Liza Donnelly fait partie du Comité international de caricaturistes qui se sont ralliées à notre projet d’exposition itinérante : «  Au bout du crayon, les droits des femmes : caricatures, dessins de presse et liberté d’expression » que Le Crayon organise pour 2018 en partenariat avec France-Cartoons et le Festival du Dessin de Presse et de la Caricature de l’Estaque (FIDEP).

LIZA DONNELLY en quelques dates :

1979 : Vend son premier dessin au New Yorker.

2005 : Publie Funny Ladies to the timeline. La même année, au moment de l’affaire des caricatures de Mahomet, elle prend la parole aux Nations Unies au nom de l’association Cartooning for Peace.

2012 : Porte parole du Département d’État américain en Palestine et en Israël pour discuter de l’impact politique des caricatures au service de la paix.

2014 : Sortie de son livre Cartoon mariage.

2016 : Intègre l’équipe de CBS New.

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