En cours de lecture
LIBRES PAROLES : SAAD HAJO, DESSINATEUR SYRIEN EN EXIL

LIBRES PAROLES : SAAD HAJO, DESSINATEUR SYRIEN EN EXIL

Exercer aujourd’hui, le métier de dessinateur de presse en Syrie c’est mettre sa vie en danger. On n’a pas oublié Ali Farzat, gravement tabassé dès les premiers jours de la révolution syrienne pour s’être moqué de Bachar Al-Assad. Ou encore le décès de Akram Ruslan emprisonné et torturé à mort pour les mêmes raisons. À Marseille à l’occasion du 5ème Festival International du Dessin de Presse, de la Caricature et de la Satire, le Crayon a rencontré Assad Hajo. Kurde, né à Damas en 1968, opposant au pouvoir du dictateur Bachar Al-Assad, il vit aujourd’hui en Suède où il a trouvé refuge. Auteur de plusieurs livres dont « Les pays de violence sont ma terre natale », il témoigne ici de son impossibilité d’exercer son métier dans le pays qui l’a vu naitre.

 

Le Crayon – Saad Hajo, pouvez vous nous parler des raisons qui vous ont conduit à l’exil en 1993?

Saad Hajo – J’avais fait des études aux Beaux-Arts, mais ne pouvant pas publier mes caricatures, j’ai décidé de quitter la Syrie pour m’installer à Beyrouth au Liban.  Là mes dessins ont été accueillis dans des journaux comme As Safir (L’Ambassadeur), ou An Nahar (Le Jour). En 2005, je suis parti pour la Suède, où je me suis installé à Norrköping, une petite ville au sud de Stockholm. Depuis je publie mes dessins en Suède, un dessin hebdomadaire, et au Moyen-Orient.

page

Le Crayon – Quels sont aujourd’hui vos liens avec la Syrie ?

Saad Hajo – Depuis 5 ans, dès les débuts de la révolution en Syrie, je dis bien révolution et non guerre civile, je dessine chaque jour une caricature de Bachar Al-Assad. Une par jour. Mes dessins ont toujours un lien entre la Syrie ou le Moyen-Orient. Si on prend par exemple mes dessins publiés quotidiennement pendant 20 ans dans As Safir, la Syrie a toujours été un sujet important pour les lecteurs libanais.

Le Crayon – Vous avez de la famille encore aujourd’hui en Syrie ?

Saad Hajo – Malheureusement non. Toute ma famille est maintenant hors de Syrie. Ma mère en Jordanie, une sœur en Jordanie, deux autres sœurs à Istanbul, mes deux frères en Suède depuis longtemps. Damas a beau être la plus vieille capitale du monde, je n’ai plus de famille là bas.

Le Crayon – L’exil a-t-il modifié votre façon de dessiner ?

Saad Hajo – Non ! Je travaille toujours sur la question de l’Humanité et où que j’habite, je n’ai pas le sentiment que cela change ma façon de travailler. Quand j’arrive quelque part, je regarde quels sont les sujets censurés et généralement ce sont sur ces sujets que je travaille. En Suède on peut dire qu’il n’y a pas beaucoup de tabous, on peut parler à peu près de tout. Le seul tabou porte sur la question de l’impôt ! (rires)

Le Crayon – Faites-vous partie de United Sketches ?

Saad Hajo – J’ai promis à mon ami Kianoush Ramezani de devenir un membre actif de United Sketches, mais cette fois c’est sûr ! (rires) : Je participerai l’année prochaine à un festival de dessin organisé par l’association à Berlin en Allemagne.

page

Le Crayon – Une caricature peut-elle changer notre regard sur le monde ?

Saad Hajo – Oui, prenez les symboles. Un symbole est le résultat d’une pensée qui le précède. Pourtant on doit adapter certains symboles. On a l’habitude par exemple de représenter le riche gros et le pauvre maigre. Pourtant aujourd’hui être maigre est un luxe. Le riche fait du sport, le pauvre mange Mac Donald… Aussi notre rôle en tant que dessinateur est de faire évoluer les symboles. Les symboles politiques doivent évoluer aussi.

Le Crayon – Êtes vous optimiste pour l’avenir ?

Saad Hajo – Oui ! (rires)

Le Crayon – Avez-vous l’espoir de pouvoir retourner en Syrie ?

Saad Hajo – Oui, Aujourd’hui, la Syrie est au cœur des intérêts géopolitiques mondiaux. Elle vit une période noire… Mais pour moi la Syrie est le lieu, le pays  de la naissance. Pas seulement la mienne, mais celle de toutes les cultures.

Entretien réalisé par Alexandre FAURE avec l’aide de l’interprète Mathilde Chèvre pour la traduction des propos de Saad HAJO en français.

page

DANS LA MÊME RUBRIQUE LIBRES PAROLES :

– Il était une fois Samya Arabi.

– Samya Arabi ou la graine de l’espoir.

– Le dessinateur Pierre Ballouhey.

– Smitha Bhandare Kamat, engagée et inspirée : Quand Liberté d’expression rime avec compassion !

– Smitha Bhandare Kamat, committed and inspired : When freedom of expression rhymes with compassion !

– मुक्त संवादः स्मिता भांडारे कामत, बांदिलकी आनी उर्बा आशिल्ली व्यंगचित्रकारः जंय व्यक्तीस्वातंत्र्याक मेळटा करूणेची जोड!

– Cécile Bertrand Un humour qui frappe toujours au centre de sa cible.

– Camille Besse vous souhaite « ni Dieu nichon! »

– Marie-Thérèse Besson, Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France.

– Angel Boligan, le dessinateur de presse qui aurait voulu signer Guernica.

– Le dessinateur Fathy Bourayou.

– « Green is good » pour le journaliste indépendant Bruno Caïetti

– Cambon ou l’art de la pandémie.

–  La caricaturiste Cristina s’engage pour les doits des femmes

– A cartunista Cristina Sampaio em defesa dos direitos da mulher

– Liza Donnelly place 2018 sous le signe des droits des femmes.

– Liza Donnelly is dedicating 2018 to the rights of women.

– Faujour, « le Pitbull du dessin de presse. »

– Il était une fois à Nuit Debout : le Groupe Cachan.

– Saad Hajo, dessinateur syrien en exil.

– Le Théâtre, c’est la liberté d’expression la plus aboutie ! Flore Hofmann, metteur en scène, nous en parle avec passion.

– Le F.N. au bout du crayon de Jiho.

– Nadia Khiari, alias Willis from Tunis.

– Nadia Khiari et son chat Willis, l’ardeur au service des femmes et de la liberté d’expression.

– Le réalisateur Olivier Malvoisin.

– Stéphane Manier de Reporters sans Frontières.

– Richard Martin, le seigneur du Toursky.

– Un trait pour faire bouger les lignes ! À la rencontre de Mitu, la caricaturiste bangladaise.

– Draw to move the rows ! Meet Mitu, the cartoonist from Bangladesh !

– Gustave Parking, le clown poète

– Picha, l’interview, ou comment rire de tout (Une vidéo du Crayon)

– Le F.N. au bout du crayon du caricaturiste Placide.

– Kianoush Ramezani, un homme libre.

– Bernard Rodenstein, le chemin de la fraternité.

– Le caricaturiste Jean-Michel Renault confronté à l’affront national.

– Pour Swaha, caricaturiste Franco-Libanaise, le dessin de presse est une arme à la puissance redoutable.

– Trax, la Pasionaria du dessin de presse.

– La caricaturiste Trax bouscule les conventions !

– Fawzia Zouari, un Islam éclairé.


Le Crayon est une association loi 1901 Les informations recueillies sont nécessaires à la signature. En application des articles 39 et suivants de la loi du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent. Si vous souhaitez exercer ce droit et obtenir communication des informations vous concernant, veuillez vous adresser à : alexandre.faure@lecrayon.net

Revenir en haut