LIBRES PAROLES : ANGEL BOLIGÁN, LE DESSINATEUR DE PRESSE QUI AURAIT VOULU SIGNER GUERNICA
Quand on lui demande quelle œuvre du passé il aurait aimé signer, le caricaturiste Angel Boligan répond sans hésiter Guernica. Pour lui le dessin de presse est le meilleur moyen de saisir l’actualité même la plus tragique et surtout un moyen d’expression qui permet de déjouer toutes les censures. Un entretien exclusif pour le FIDEP et Le Crayon.
Le Crayon – Angel Boligán, vous êtes diplômé de l’école des Beaux arts de La Havane, cette formation « classique » a-t-elle influencé votre façon de dessiner, voire même votre conception du dessin de presse ?
– Angel, te has graduado en la escuela de Bellas Artes de la Habana, ¿ esta formación « clásica » te ha influído en tu manera de dibujar, o en tu concepción del dibujo de prensa ?
Angel Boligan – Creo que si, definitivamente influye en mi forma de concebir el dibujo de prensa, me considero un artista plastico en funcion del periodismo.
– Je pense que oui, cela influence définitivement ma façon de concevoir le dessin de presse, je me considère un artiste plasticien au service du journalisme.
Le Crayon – Le dessin de presse est à la charnière de l’art et du journalisme. Vous sentez-vous plus artiste que journaliste ?
– El dibujo de prensa es la bisagra entre el arte y el periodismo. ¿Te sientes más artista que periodista ?
Angel Boligan – Mi formación fue artistica y me interesa el dibujo de prensa por su inmediatez, su libertad grafica y el poder expresar mi sentir, mis ideas que no precisamente tienen que ser políticas, si soy un cronista grafico de nuestra época.
– Ma formation a été artistique et je suis très intéressé par le dessin de presse pour son immédiateté, sa liberté graphique et le fait de pouvoir exprimer mon ressenti. Même si mes idées ne sont pas forcément politiques, je suis un peu un chroniqueur graphique de notre époque.
Le Crayon – Compte tenue de votre formation, quelle est la place de l’art dans votre activité actuelle de dessinateur ? Vos dessins font parfois directement référence à un tableau. Est-ce une façon de rendre hommage à des maîtres ou est-ce plutôt une façon de toucher votre public grâce à certains « clichés » qui font parti du patrimoine collectif ?
– Teniendo en cuenta tu formación, ¿Cúal es la plaza del arte en tu actividad actual de dibujante ? Tus dibujos hacen muchas veces directamente alusión a alguna pintura. ¿Es una manera de homenajear a maestros o es una manera de llamar la atención de tu público gracias a ciertos « clichés » que pertenecen al patrimonio colectivo ?
Angel Boligan – Mis dibujos no llevan texto, no dialogan con letras, creo es una manera de saltar fronteras, idiomas, además es un reto y debo crear una lectura a través imágenes trazos, colores, línea, composición, a través de esos símbolos y clichés famosos…y claro, no deja de ser un homenaje a nuestro patrimonio cultural y los grandes autores.
– Mes dessins ne comportent pas de texte, ni ne dialoguent avec des paroles. Je pense que c’est une manière de dépasser les frontières, les langues. De plus, c’est un défi. Je dois créer une lecture à travers des images, des traits, des couleurs, des lignes, une composition, à travers ces symboles et ces clichés célèbres… et bien sûr, il n’en reste pas moins un hommage à notre patrimoine culturel et à nos grands auteurs.
Le Crayon – Sur le plan formel, notamment par votre recours à l’aquarelle vos dessins donne un certain volume aux personnages que vous mettez en scène. La sculpture a-t-elle eu une place dans votre parcours d’artiste ?
– En un plan formal, como con tu recurso a la acuarela, tus dibujos dan un cierto volumen a los personajes que pones en escena. ¿Tiene la escultura alguna plaza en tu recorrido de artista ?
Angel Boligan – No, solamente algunos intentos en la escuela de arte pero la tengo muy presente, el volumen, planos, sombras, perspectivas la recuerdan.
– Non, je n’ai seulement fait que quelques essais à l’école des Beaux-Arts, mais elle est très présente en moi. Le volume, les plans, les ombres, les perspectives la rappellent.
Le Crayon – Vous vivez au Mexique depuis 1992. Pourquoi avoir quitté Cuba et pourquoi avoir choisi le Mexique?
– Vives en México desde 1992, ¿por qué dejar Cuba y elegir México ?
Angel Boligan – Vine a México en 1992 invitado a exponer mi trabajo en un museo y sin intención de quedarme, el mismo día que llegué tuve oferta para colaborar en el diario El Universal donde aún me mantengo colaborando, también en otras revistas y publicaciones nacionales, en esos tiempos había caído la U.R.S.S. y Europa del Este, la crisis era muy fuerte en Cuba, también la editorial, había poco espacio para desarrollar mi arte, México tiene una fuerte tradición gráfica grandes artistas de la caricatura y un fuere mundo editorial, tenía yo 26 años, fue un reto y una oportunidad, fue hasta 1995 que decidí residir en México aunque nunca me he desvinculado de Cuba.
– Je suis venu au Mexique en 1992 invité à exposer mon travail dans un musée et sans intention d’y rester. Le jour même où je suis arrivé, j’ai reçu la proposition de collaborer au journal El Universal où je travaille encore aujourd’hui ainsi que dans d’autres revues et publications nationales. À cette époque l’U.R.S.S. et l’Europe de l’Est étaient tombées. La crise était très forte à Cuba. Il y avait peu d’espace pour développer mon art. Le Mexique a une forte tradition graphique, de grands caricaturistes et un solide monde éditorial. J’avais 26 ans. C’était un challenge et une opportunité. En 1995, j’ai décidé de résider au Mexique, bien que je ne me sois jamais détaché de Cuba.
Le Crayon – Vous réalisez encore aujourd’hui de nombreux dessins relatifs à Cuba et à la révolution cubaine, vous sentez vous comme un militant en exil ?
– Sigues realizando numerosos dibujos relativos a Cuba y a la revolución cubana, ¿te sientes como un militante en exilio ?
Angel Boligan – No me siento exiliado, siempre he podido visitar y regresar Cuba, siempre traigo presente mis raíces y trato de ser honesto en mis dibujos y congruente con mi vida.
– Je ne me sens pas exilé. J’ai toujours pu aller et venir à Cuba. Je garde toujours présentes mes racines et je tâche d’être honnête dans mes dessins et en adéquation avec ma vie.
Le Crayon – Cela fait maintenant 24 ans que vous vivez au Mexique. Avez-vous acquit la nationalité mexicaine ?
– Llevas 24 años en México, ¿has obtenido nacionalidad mexicana ?
Angel Boligan – Si, en 2001 obtuve la nacionalidad mexicana.
– Oui, en 2001.
Le Crayon – Le dessin de presse a t-il droit de cité aujourd’hui à Cuba ?
– ¿Tiene hoy día el dibujo de prensa su plaza y derecho en Cuba ?
Angel Boligan – Si, puedo publicar en Cuba y esporádicamente se publica alguno de mis dibujos en la prensa pero la situación editorial continúa en crisis, no hay tantos espacios para la caricatura y prefiero no intentar ocupar un espacio que puede servir a algún colega que viva en la isla.
– Oui, je peux publier à Cuba. De temps en temps certains de mes dessins y sont publiés dans la presse mais la situation éditoriale est toujours en crise. Il n’y a pas beaucoup de place pour la caricature et je préfère ne pas occuper un espace qui pourrait servir à un collègue qui vit sur l’île.
Le Crayon – Lorsque vous viviez à Cuba, vous avez été militant communiste. Qu’en est-il aujourd’hui ?
– Cuando vivías en Cuba, has sido militante comunista,¿Cómo te situas hoy ?
Angel Boligan – Si, en mi juventud fui militante de la juventud comunista, después no quise pertenecer al partido, así me siento mas libre a la hora de pensar y opinar tratando de ser un observador lo mas sincero y objetivo posible…me considero un agnóstico político.
– Oui, dans ma jeunesse, j’ai été militant aux jeunesses communistes, puis je n’ai plus souhaité appartenir au parti. Ainsi, je me sens plus libre quand il s’agit de penser et d’avoir une opinion en essayant d’être un observateur le plus sincère possible… Je me considère comme un agnostique politique.
Le Crayon – Vous avez été formé à l’école des Beaux-Arts de Cuba. Y a-t-il une tradition du dessin de presse propre aux pays communistes ?
– Has sido formado en la escuela de Bellas Artes de la Habana.¿Hay una tradición del dibujo de prensa propia a los países comunistas ?
Angel Boligan – En la escuela solamente estudié la academia. Creo que si hay una tendencia de artistas de la ex Europa del Este, China etc a usar imágenes sin texto, usar símbolos, metáforas, mensajes ocultos…
– À l’école, je n’ai fait qu’étudier le modèle académique, mais je crois qu’il existe effectivement une tendance des artistes de l’ex Europe de l’Est, de Chine… à utiliser des images sans texte, des symboles, des métaphores, des messages cachés…
Le Crayon – Dans le film de Stéphanie Valloato, Caricaturistes, Fantassins de la démocratie, vous évoquez le fait que vous vous autocensuriez lorsque vous viviez à Cuba. Pouvez vous nous parler de ces années ? Quelle était la place du dessin de presse alors dans votre vie passée ?
– En la película de Stephanie Valloato, « Caricaturistas, Soldados de a a pie de la democracia », evocas el hecho de que te autocensurabas cuando vivías en Cuba. ¿Nos puedes hablar de aquellos años ?¿Cúal era la plaza del dibujo de prensa entonces en tu vida pasada ?
Angel Boligan – Nunca tuve en Cuba un espacio de opinión propio en la prensa, publicaba principalmente temas de humor y cuando tratábamos el tema político era muy controlado y cuidado por los editores de los periódicos siempre intentamos llegar mas lejos, ser mas atrevidos usando esos recursos de la metáfora y la imagen sin palabras pero el muro era muy grande, ya sabíamos que dibujo iba a pasar o no, entonces había que empujar el muro con inteligencia, poco a poco porque intentar derribarlo de un golpe era uno quien podía quedar derribado.
En exposiciones personales en galerías o concursos éramos mas atrevidos y logramos llegar mas lejos, logramos hacer y exponer dibujos muy atrevidos para aquellos tiempos y también nos censuraron y bajaron dibujos de las exposiciones en las galerías y museos.
– À Cuba, je n’ai jamais eu d’espace d’expression personnel dans la presse. Je publiais seulement des thèmes humoristiques et quand nous abordions les questions politiques, c’était très contrôlé par les éditeurs de journaux. On essayait toujours d’aller plus loin, d’être plus audacieux en recourant à la métaphore et à l’image sans texte. Mais le mur était très haut, nous savions d’avance quel dessin passerait et quel autre pas. Alors il fallait pousser le mur avec intelligence. Peu à peu, essayer de le détruire. Du premier coup c’était risquer de se détruire soi-même.
Dans les expositions personnelles, dans les galeries ou les concours, nous étions plus audacieux et arrivions à aller plus loin, à faire et à esposer des dessins audacieux pour l’époque. Mais là aussi, il arrivait que nous soyons censurés et que des dessins soient ôtés des expositions des galeries et des musées.
Le Crayon – Dans vos dessins, il n’y a pas de bulles, les mots, comme les discours sont absents et vous recourrez souvent à des métaphores. Est-ce une trace de ces années passées où il était difficile de s’exprimer sans détours? Une façon de contourner la censure ?
– En tus dibujos, no hay globos, las palabras como los discursos están ausentes y usas muchas veces metáforas.¿Sería una huella de esos años pasados durante los cuales era difícil expresarse sin desvíos?¿Una manera de desviar la censura ?
Angel Boligan – Siempre he tenido gusto por el dibujo sin texto y también creo que es un recurso mas inteligente para lograr un dialogo de imágenes e imaginación con los lectores, aún desde México dibujo sin texto, aquí también me ha servido para tocar temas delicados y crear una complicidad con lectores que les gusta este tipo de humor no tan común en este Pais.
– J’ai toujours aimé le dessin sans texte. Je crois que c’est un recours plus intelligent pour arriver à un dialogue d’images et d’imagination avec les lecteurs. Même ici, depuis Mexico, je dessine sans texte. Cela me sert à aborder des thèmes délicats et à créer une complicité avec les lecteurs qui aiment ce genre d’humour, pas si commun dans ce pays.
Le Crayon – Dans nombre de vos dessins vous vous montrez acide vis à vis des nouvelles technologies : téléphones portables, internet… Pensez-vous qu’ils peuvent faire régresser les valeurs humanistes ou des choses essentielles comme l’amour ou l’amitié ?
– En muchos de tus dibujos, pareces ácido con las nuevas tecnologías:celulares, internet… ¿Piensas que pueden dar marcha atrás a los valores humanistas o a las cosas esenciales como el amor o la amistad ?
Angel Boligan – No lo se, solo recojo crónicas gráficas de lo que acontece y muestro las evidencias, no dicto sentencia. Vivimos en en momento de cambios tecnológicos y humanistas en medio de un mundo globalizado y neoliberal donde debemos estar atentos para no ser manipulados por los irracionales poderosos, la moneda está en el aire y solo intento desenmascarar, alertar, despertar y preservar nuestros valores humanos.
– Je ne sais pas. Je ne fais que chroniquer graphiquement ce qui se passe. Je montre les évidences. Je ne dicte pas de sentence. Nous vivons à une époque de changements technologiques et humanistes au milieu d’un monde de globalisation et néo libéral où nous devons être attentifs à ne pas être manipulés par les puissants irrationnels. L’argent est dans l’air et je ne fais qu’essayer de démasquer, alerter, réveiller et préserver nos valeurs humaines.
Le Crayon – Vous êtes né à San Antonio à Cuba, ville autoproclamée, « ville de l’humour » avec notamment son musée dédié au dessin d’humour. Quelle serait votre définition de l’humour ?
– Has nacido en San Antonio de Cuba, ciudad autoproclamada, « ciudad del humor » con su museo dedicado al humor. ¿Cúal sería tu definición del humor ?
Angel Boligan – El Humor es un arma que apunta a la sonrisa para pegar en la cabeza !
– L’Humour est une arme qui vise le sourire pour toucher la tête!
Le Crayon – Peut-on rire de tout ? Y a t-il des sujets tabous ?
– ¿Se puede reír de todo ? ¿Hay temas tabúes ?
Angel Boligan – Si, creo en la sonrisa como sanción, aún en el peor de los casos ! Los temas tabúes son muros que debemos ir empujando hasta derribarlos pero poco a poco, con inteligencia de lo contrario nos pueden derribar a nosotros.
– Oui, je crois au sourire comme “sanction” même dans le pire des cas. Les thèmes tabous sont des murs que nous devons repousser jusqu’à les faire tomber, mais peu à peu, avec intelligence. Dans le cas contraire, ce sont eux qui peuvent nous faire tomber.
Le Crayon – La majorité de vos dessins semblent plus centrés sur des sujets de société que sur le monde politique. Est-ce à dire que la place prise par les nouvelles technologies, et les violences portées à notre environnement naturel sont finalement plus importantes pour l’avenir de l’Homme et de l’Humanité ?
– La mayoría de tus dibujos parecen más centrados en temas de sociedad que en el mundo político. ¿Significa que la plaza de las nuevas tecnologías, y las violencias llevadas a nuestro entorno natural son finalmente más importantes para el porvenir del Hombre y de la Humanidad ?
– Angel Boligan – Los políticos de hoy solo son administradores temporales de los intereses de los ricos que son quienes realmente gobiernan el mundo.
Creo mas importante intentar crear conciencia en el ciudadano que intentar cambiar a un político.
Todo lo que nos sucede como sociedad es consecuencia de la política de nuestros países, entonces intentemos despertar, reflexionar y tomar las mejores decisiones para nuestros países y nuestro futuro.
– Les politiques aujourd’hui, ne sont que les administrateurs temporaires des intérêts des riches. Ce sont eux qui réellement gouvernent le monde.
Je crois qu’il est plus important de créer de la conscience dans le citoyen plutôt que d’essayer de changer un politique.
Tout ce qui nous arrive dans la société est la conséquence de la politique de nos pays, alors essayons de réveiller les consciences, de réfléchir et de prendre les meilleures décisions pour nos pays et l’avenir.
Le Crayon – Vous réalisez pour certains journaux comme El Chamuco, des petites histoires, sans paroles proches de la Bande dessinée. Ces petites histoires, déconnectées de l’actualité, sont presque intemporelles, sans lieux ou pays identifiables, est ce une façon de dire justement que les faits de société sont plus importants que le politique ?
– Realizas para ciertos periódicos como El Chamuco, historietas, sin texto, parecidos a tebeos. Esas historietas desconectadas de la actualidad, son casi intemporales, sin lugares o países identifiables. ¿Es una manera de decir que los hechos de sociedad son más importantes que la política ?
Angel Boligan – Durante algún tiempo en México dibujé directamente a los políticos y cada año, cada gobierno sucedía lo mismo, se repetían mis dibujos, mis ideas. Dibujar sobre la sociedad sobre nosotros mismos se me hace mas interesante y hasta puede ser mas efectivo intentando una reflexión en el lector.
– Pendant un certain temps, au Mexique je dessinais directement les politiques et chaque année, à chaque gouvernement, il arrivait la même chose. Mes dessins se répétaient. Dessiner à propos de la société, sur nous mêmes me semble intéressant et cela peut même être plus efficace pour susciter la réflexion du lecteur.
Le Crayon – Dans un de vos dessins vous opposez la figure du Pape à celle du dignitaire politique Cubain, porteurs l’un et l’autre d’une mitre. Nous pouvons interpréter ce dessin comme une critique du Marxisme et du Communisme, mais également du Christianisme qui utilise les mêmes méthodes ?
– En uno de tus dibujos opones la figura del papa a la del dignitario político cubano llevando el uno y el otro una mitra. ¿Se puede interpretar este dibujo como una crítica del Marxismo y del Comunismo, como también del Cristianismo que utilizan los mismos métodos ?
Angel Boligan – Muchos de mis dibujos dejan abierta la puerta de la interpretación y son validas todas, en este dibujo realizado durante la visita del papa a Fidel me pareció interesante la reunión de 2 viejos líderes que históricamente han defendido sus puntos diferentes y en el dibujo utilizo la hoz y el martillo en la mitra de Fidel a modo de igualarlos…(como el papa del marxismo quizás).
– Nombre de mes dessins laissent la porte ouverte aux interprétations et toutes sont valables; Dans ce dessin réalisé durant la visite du pape à Fidel, il m’a semblé intéressant de voir réunis ces deux vieux leaders qui historiquement ont défendu des points de vue différents Le dessin utilise la faucille et le marteau dans la mitre de Fidel afin de les rendre égaux (comme le pape du marxisme, peut-être).
Le Crayon – De la même façon dans un de vos dessins vous mettez en scène le président américain Obama et Castro se serrant la main, mais prêts l’un et l’autre à frapper. Dans un autre dessin vous associez l’image des cadis de grande surface à des chars d’assaut portant les couleurs américaines. Que voulez-vous dire ?
– De la misma manera en uno de tus dibujos pones en escena el presidente americano Obama y Castro estrechándose la mano, pero listos el uno y el otro a pegar. En otro dibujo, asocias la imagen de los carros de supermercados a los carros de asalto llevando colores americanos. ¿Qué quieres decir ?
Angel Boligan – Pues se tendria que entender el contexto, en el primero fué a raiz de un partido de beisbol realizado en la Habana donde ambos asistieron, un juego amistoso entre equipos de Cuba y E.U. en el beisbol hay que pegar fuerte a la pelota con el bate…por ahí va la sugerencia del dibujo.
La otra imagen tiene que ver con el contexto de apertura por parte de E.U. donde se espera se levante el bloqueo económico y aparece un pequeño cubano frente a grades carros de supermercado norteamericanos que las escena nos puede recordar la imagen de la foto del la pequeña persona en China frente a grandes tanques de guerra que se dirigían a la plaza Tianamen.
– Et bien, il faudrait remettre dans le contexte. Dans le premier, à la base, une partie de Baseball réalisée à la Havane à laquelle ils avaient assisté tous les deux : Une partie amicale entre des équipes de Cuba et des Etats Unis. Au Baseball, il faut frapper fort sur la balle avec la batte… c’est de là que s’inspire le dessin.
L’autre dessin est en rapport avec le contexte d’ouverture des Etats-Unis dont on attend la levée du blocus économique. Y apparaît un petit cubain face à de grands cadies de supermarché nord américain; La scène peut nous rappeler l’image de la photo de la petite personne en Chine face à ces grands tanks de guerre qui se dirigeaient vers la place Tianamen.
Le Crayon – Vous évoquez dans le film documentaire « Caricaturistes, fantassins de le démocratie » la place de la caricature dans la culture mexicaine. Vous faites notamment allusion au fait que des caricatures sont souvent brandies dans les manifestations. Comment expliquez vous cela ? Est–ce du au fait que certains artistes comme Rivera ont été étroitement mêlés à l’histoire de la révolution mexicaine ?
– En la película « Caricaturistas, Soldados de a a pie de la democracia » evocas la plaza de la caricatura en la cultura mexicana. Haces alusión al hecho de que las caricaturas son muchas veces utilizadas en las manifestaciones. ¿Cómo lo explicas ? ¿Está asociado al hecho de que ciertos artistas como Rivera han sido estrechamente comprometidos en la revolución mexicana ?
Angel Boligan – Es común que esto suceda, en México hay grandes caricaturistas comprometidos social y políticamente las personas se identifican con los mensajes de sus caricaturas publicadas en los diarios, las recortan y pegan en sus casas, trabajo etc, también las imprimen a gran tamaño para llevarlas a las marchas políticas es algo que desde que vivo en México he visto, realmente no se si tendrá un legado histórico.
– Il est classique que cela arrive, au Mexique où il y a de grands caricaturistes engagés socialement et politiquement. Les gens s’identifient avec leurs messages publiés dans les journaux, les découpent et les collent dans leurs maisons, au travail… Quelques fois, ils les impriment en grand format pour les mener dans les défilés politiques. C’est quelque chose que j’ai souvent vu depuis que je suis au Mexique. Vraiment, je en sais pas si c’est un héritage historique.
Le Crayon – Pour conclure, nous souhaiterions vous poser encore trois questions. La première est relative à votre enfance. Vous souvenez-vous d’un fait, d’un événement qui vous ait révolté lorsque vous étiez enfant ou adolescent ? Pouvez vous nous en parler ?
– Para concluír, desearíamos hacerte tres preguntas más. La primera relativa a tu infancia. ¿Te acuerdas de un hecho o evento que te haya indignado en tu infancia o adolescencia ? ¿Nos lo podrías contar ?
Angel Boligan – Recuerdo el derribo de arboles, de pequeñas arboledas, bosques naturales con maquinarias pesadas por parte de las autoridades para ganar espacio en el campo y sembrar segun sus planes otras plantas frutales.
Esto me indignó, de niño recorría esos bosques naturales en busca de frutas silvestres, aves, insectos y cualquier sorpresa de la naturaleza, cambiar ese bosque espontáneo colorido y variado por la uniformidad aburrida de filas de plantas uniformadas me parecía un ecocidio.
– Je me souviens de l’arrachage des arbres, des petits bois, des forêts naturelles, avec des machines lourdes envoyées par les autorités pour gagner de l’espace pour les champs et semer selon leurs plans d’autres arbres fruitiers.
Cela m’indigna. Petit, je parcourrai ces forêts naturelles à la recherche de fruits des bois, des oiseaux, des insectes et quelque autre surprise de la nature. Changer ces forêts naturellement bigarées et variées par l’ennuyeuse uniformité de rangées de plantes uniformisées me semblait être un écocide.
Le Crayon – Quel serait l’œuvre passée ou présente que vous auriez aimé signer ?
– ¿ Cúal sería el dibujo pasado o presente que te hubiese gustado firmar ?
Angel Boligan – El Guernica…lo considero un dibujo editorial.
– Guernica… Je l’assimile presque à un dessin de presse.
Le Crayon – Finalement à qui s’adressent vos dessins?
– Finalmente ¿A quién se dirigen tus dibujos ?
Angel Boligan – Mis dibujos son honestos y van dirigidos a todas las personas honestas que son la inmensa mayoría de la sociedad.
– Mes dessins sont honnêtes et s’adressent à toutes les personnes honnêtes qui sont en majorité dans la société.
Entretien réalisé par Alexandre FAURE pour l’association Le Crayon & traduit par Mireille LANDO, Présidente du FIDEP (Festival International de la Caricature, du Dessin de Presse et de la satire de l’Estaque)
Entrevista realizada por Alexandre FAURE (Presidente de la asociación Le Crayon, Francia) y traducida por Mireille LANDO (Presidente del FIDEP de l’Estaque, Francia)
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