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Libres paroles : Pierre Ballouhey

Libres paroles : Pierre Ballouhey

Dessinateur, Vice-président de Feco-France, (section française de la Federation of Cartoonists Organizations), Pierre Ballouhey défend avec ses crayons la liberté d’expression et les valeurs de la laïcité. Il se bat pour la défense des dessinateurs victimes des dictatures.

 

mediumPierre Ballouhey était cette année l’invité d’honneur du Festival du Dessin de Presse et d’Humour en Sarthe orchestré de main de maître par Marie Danielle Letessier. Le crayon est allé à sa rencontre. Nous publions ici le fruit de cet entretien.

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Le Crayon – Pierre Ballouhey, certains humoristes ont, ou avaient, la réputation de ne jamais rire en privé. Aimez-vous rire ? Et quelle serait votre définition de l’humour ?

Pierre Ballouhey – Oui beaucoup, je ne suis pas un pitre, par timidité peut-être, c’est pour ça que le plaisir que j’ai à faire rire s’est orienté vers le dessin. Je ris avec mes copains dessinateurs, avec ma femme, mes enfants, avec les commerçants, des inconnus dans la rue. Je n’aime pas trop les calembours et les jeux de mots, je leur préfère les saillies drolatiques et les grossièretés élégantes.
Quelques définitions de l’humour : “L’humour est la politesse du désespoir”. “Un dessinateur d’humour est un boucher avec le savoir faire d’un chirurgien (Ronald Searle traduit par Loup)”. Tignous disait : “ un dessin qui fait rire est un bon dessin, s’il fait aussi réfléchir, c’est un excellent dessin “.

Le Crayon – Quelle a été la part de la presse papier ou de la toile dans votre démarche de dessinateur ? Pour quels journaux ou magazines travaillez-vous ?

Pierre Ballouhey – J’ai beaucoup publié et je publie encore beaucoup en presse papier pour Fluide Glacial, The New-Yorker, The Guardian, 60 millions de consommateurs, Jeune Afrique, Zélium, les Épines et beaucoup d’autres titres plus occasionnellement. Sur la toile je suis très présent par mon blog et sur les réseaux sociaux et aussi sur les sites qui hébergent mes dessins : IconovoxCagle CartoonsCartooning for Peace et Feco France.

Le Crayon – Est-ce que l’univers de la B.D.,  vous a inspiré dans votre façon de dessiner?

Pierre Ballouhey – Le dessin m’a toujours fasciné. Bien sûr, je lisais beaucoup d’albums de bandes dessinées et les journaux Mickey, Tintin, Spirou, Pilote, puis Hara-Kiri, Charlie. Charlie Mensuel dirigé un temps par Wolinski qu’on a un peu oublié était une ouverture sur la BD du monde entier. Par la suite, L’Écho des Savanes, (A Suivre), Mormoil et Fluide. Les maîtres que j’admirais étaient Hergé, Franquin, Alexis et Moebius.
Mais, je gardais un œil attendri sur le cartoon, une histoire en un dessin, c’est ça qui me plaisait. Les dessinateurs qui m’ont décidé : Sempé, Bosc et Chaval, Gary Larson, Virgil Partch, puis Loup, Blachon, Barbe et Avoine.
Je dessinais tout le temps et je voulais être dessinateur “humoristique”, ça inquiétait beaucoup mes parents et le principal du collège, drôle de métier, peu de débouchés. On m’a embarqué à Grenoble chez une espèce de conseiller psychologique, et je me suis vite aperçu qu’il avait pour mission de me dissuader de m’engager dans cette voie. J’ai tenu bon, ils ont rendu les armes et deux ans après, je rentrais aux Arts déco de la même ville.
Sur le plan graphique, j’étais bluffé par les dessins de Moebius et surtout ceux d’Avoine, au point que je m’interdisais l’ouverture de ses albums ou d’(A Suivre) pour désamorcer mon influençabilité. Un jour, je suis allé chez Casterman avec un projet d’album sous le bras, la dame chef de collection, polie mais sans l’autorisation de publier ce type d’ouvrage, m’a offert pour me réconforter les albums d’Avoine.  Je les ai planqués en haut de la bibliothèque, ne pas ouvrir pendant les heures de travail. J’ai raconté cette  histoire à Blachon, il m’a dit : « T’inquiète pas, moi, c’était Ronald Searle ».
J’ai perdu pied avec la BD, trop de productions, ces sagas historiques mal foutues, ces dessins approximatifs me fatiguent, me découragent de poursuivre la lecture. Je refuse les invitations dans les salons de BD qui sont devenus des hypermarchés de la librairie et leur préfère de loin les festivals de caricature.

Le Crayon – Vous avez enseigné le dessin à l’école de dessin Émile-Cohl à Lyon. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ? Est-il important de transmettre ?

Pierre Ballouhey – Mon cours de dessin de presse n’avait pas pour but de former quarante dessinateurs par an et de les mettre sur le marché, ça n’aurait pas eu de sens. Le but était de mettre les étudiants en position de recherche d’idées. J’avais remarqué que les élèves d’Émile Cohl qui étaient très forts en dessin, avaient du mal à trouver des idées drôles, décalées. La vieille du cours, je leur faisais parvenir un texte pris dans la presse en ligne et ils avaient la journée pour préparer des croquis, exécuter un dessin de presse ou une illustration satirique et les mettre en page.

Le Crayon – Est-ce que le fait de dessiner pour des revues ou magazines pour enfants induit un trait différent ?

Pierre Ballouhey – Pas du tout, mon traitement reste le même sur le plan graphique, seulement c’est un registre différent. Je m’exprime et je ne ris pas de la même façon avec mes petits enfants qu’avec mes vieux copains dessinateurs, quoique…

Le Crayon – Vous êtes Vice-président de Feco-France, section française de la Federation of Cartoonists Organizations. Pouvez-vous nous parler de l’action de la Feco ?

Pierre Ballouhey – La  Feco (Federation of Cartoonists Organizations) est une association internationale de cartoonists, il y a des FECO dans le monde entier en Turquie, en Israël, en Bulgarie, en Roumanie, en Croatie, au Portugal, en Macédoine, en Serbie, en Espagne, en Hollande, en Allemagne, en Égypte, au Mexique,  en Argentine, aux USA, en Indonésie, au Japon… etc. FECO France est la plus importante section de la FECO, nous sommes une centaine.
Notre web-magazine Fécocorico est très apprécié par tous à l’intérieur et à l’extérieur de la FECO, il rend compte des manifestations autour du dessin, met en évidence les adhérents à tour de rôle, rend hommage aux anciens et aux dessinateurs disparus, on a eu du pain sur la planche.
FECO France apporte un soutien appuyé aux dessinateurs persécutés dans leur pays comme l’Égyptienne Doaa Eladl, le Palestinien Mahmoud Sabanneh, le Syrien Akram Raslan, le bloggeur Tunisien Jabeur Mejri, ces actions ont été saluées par tous.
Feco France a reçu en septembre le Premio Satira Politica à Forte dei Marmi en Italie pour notre action et l’organisation de l’exposition “Inchiostro Coraggioso” en hommage aux dessinateurs assassinés au Museo della Satira. Nous avons écrit récemment à la Ministre de la Culture pour qu’elle trouve des solutions pour la promotion du dessin de presse, par exemple en créant un abattement de charges sociales payées par les journaux sur les piges des dessinateurs.
FECO France est aussi Feco francophone, nous avons des Belges, des Italiens, des Algériens, un Québécois, un Luxembourgeois… et une Tunisienne.
Notre site est très visité, nous y communiquons des renseignements sur les tarifs, les droits d’auteurs, les droits des pigistes, les adresses utiles, les livres, les concours, les expos et les festivals et salons, c’est aussi une vitrine où chaque dessinateur gère lui-même sa propre page.
Nos adhérents ont des profils différents, des professionnels aguerris, des amateurs passionnés et éclairés, des jeunes dessinateurs qui ont un deuxième métier, vue la conjoncture, ils sont infographes, enseignants, illustrateurs mais ils tombent un dessin par jour qu’ils placent dans des journaux régionaux ou locaux ou sur le web.
Notre carte d’adhérent donne droit à l’entrée gratuite dans les musées et certains salons.

Le Crayon – Quels sont ses liens avec les autres fédérations ?

Pierre Ballouhey – Les liens entre la FECO Internationale et FECO France ont toujours été excellents jusqu’à l’affaire Bouton.

Le Crayon – Justement… le dessinateur Pierre Bouton a démissionné de la FECO suite au concours « Holocaust Contest » organisé par House of Cartoon of Iran auquel il avait collaboré. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette démission ?

Pierre Ballouhey – Nous avons été obligé de nous désolidariser des choix de Bernard Bouton. Ce concours était organisé en riposte à la couverture « Tout est pardonné ! » des rescapés de Charlie. Pour les dessinateurs français, c’est inadmissible. On a trop souffert de la perte des meilleurs d’entre nous.
Iran House of Cartoon est une officine du gouvernement Iranien, elle organise des concours contre les ennemis du gouvernement théocratique, ennemis qu’il veut anéantir : les dessinateurs de Charlie, les juifs, la démocratie, la liberté d’expression… sans oublier Daech et leurs ennemis sunnites. J’ai fait beaucoup de dessins contre Daech et Boko Haram, ils sont parus dans « Jeune Afrique » et c’est ma fierté, ils sont vus dans toute l’Afrique. Je ne les propose pas à l‘Iran qui persécute ses propres artistes, les emprisonne et les pousse à l’exil.

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Le Crayon – Vous êtes aussi membre de Cartooning for Peace, à quoi correspond cet engagement ?

Pierre Ballouhey – Cartooning for Peace m’a inclus dans le groupe pour mon travail et aussi pour mon engagement pour la liberté d’expression et auprès des dessinateurs persécutés principalement dans les dictatures du Moyen Orient : Doaa EladlMahmoud Saba’anehAkram RalsanJabeur Mejri.

Le Crayon – Au mois de mai dernier le dessinateur Jean-Michel Renault faisait les frais d’un procès par le Front National. Un mois plus tard, un autre dessinateur, François Cortegianni, était poursuivi à son tour en justice pour diffamation par le F.N. pour son dessin « Un facho peut en cacher plein d’autres ». Vous avez alors publié un dessin intitulé « Un Le Pen peut en cacher un autre… », montrant Marine le Pen s’exprimant au micro d’une tribune.
Le procès intenté à Cortegianni pause la question de la liberté d’expression. Peut-on voir dans votre dessin un hommage à celui que Jean Veber avait fait paraître en 1901 dans l’Assiette au beurre ?

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Cette caricature avait en effet été censurée à la demande de l’ambassade de Grande Bretagne en France, puisque sur le royal postérieur de la reine Victoria se dessinait le visage du prince de Galle, futur Edouard VII.

Pierre Ballouhey – Ce dessin était ancien, bien sûr qu’il était un hommage à Jean Veber et à l’Assiette au beurre. Je l’ai envoyé à Jean-Michel et j’en ai fait un autre spécialement pour cette occasion, comme beaucoup de confrères, Renault a dû en recevoir une centaine, ses avocats les ont méticuleusement versés au dossier.

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Le Crayon – Le 7 janvier dernier, Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski ont été assassinés dans les locaux de Charlie-Hebdo. Vous avez adressé un texte aux membres de la Feco, dont voici des extraits :
“Mes chers confrères
J’étais à Grenoble, place Grenette mercredi soir, j’avais besoin de sortir, plusieurs milliers de personnes scandaient « Charlie, Charlie ! » (…) je les connaissais tous, ils étaient des modèles et Tignous était un ami très cher, il laisse quatre enfants jeunes. Comment peut-on assassiner d’une façon aussi horrible et pour des dessins des gens aussi gentils, aussi talentueux, aussi cultivés, aussi doux, aussi drôles, aussi humbles ? Les dessinateurs viennent de subir leur 11 septembre, on ne lâchera rien et on n’ira pas avec le dos de la cuillère. (…) Je connais bien les dessinateurs du monde entier, il n’y a qu’en France qu’on dessine comme ça, comme eux. C’est la France qu’on attaque à travers ses dessinateurs. »
Pouvez-vous nous dire si cette tragédie a changé votre façon d’aborder le dessin de presse ?

Pierre Ballouhey – Oui, bien sûr. Je me sens plus responsable. On était des faiseurs de Mickey, on est devenu des guerriers et des cibles. Chaque manifestation rassemblant des dessinateurs est très sécurisée. Quand je dis que je suis dessinateur de presse, les gens me parlent avec égard. Jusqu’à ma mort je garderai cette blessure,  j’emmerderai le monde à parler de cette tuerie et je haïrai ces tueurs et leur bêtise. Maintenant, j’ai des ennemis, oui, je les dessine et je leur fais des grosses têtes de con.

Le Crayon – Vous est-il arrivé de vous autocensurer en modifiant un dessin que vous jugiez susceptible de choquer le journal ou ses lecteurs ? À ce sujet pour vous, y-a-t-il un avant et un après 7 janvier ?

Pierre Ballouhey – Non. Mais je ne dessine pas Mahomet, je m’en fous de Mahomet, il n’est pas dans l’actualité. Je l’ai dessiné une fois le 8 janvier en hommage au dessin de Cabu : “C’est dur d’être aimé par des cons”, il n’a pas été publié. On parle beaucoup d’autocensure, ça existe bien sûr, mais on peut appeler ça la politesse, le tact ou la connaissance du lectorat. Le dessin de presse doit avant tout être drôle, ce n’est pas un robinet pour déverser de la bile. Si c’est drôle, beau et intelligent on peut tout dire. Mais vous savez la liberté de la presse papier est dans les mains des propriétaires de journaux. Ils sont cinq en France.

largelargeLe Crayon – En septembre dernier vous avez participé aux 5 eme Rencontres Internationales des Dessinateurs de Presse qui se sont tenues au Mémorial de Caen. Que pensez-vous du fait que le Mémorial ait suspendu en janvier la manifestation pour la remettre à plus tard ?

Pierre Ballouhey – Stéphane Grimaldi avait reçu beaucoup de menaces, le site du Mémorial avait été piraté. En accord avec les autorités locales, il a préféré reporter cette manifestation, je ne sais pas s’il a bien fait ou pas. En tout cas, les Rencontres de septembre étaient une vraie réussite et l’occasion fantastique de rencontrer des confrères du monde entier et même de sympathiser avec les forces de l’ordre venues en grand nombre.

Le Crayon – Vous collaborez à la revue satirique franco-italienne Buduàr, en ligne sur internet. Pouvez-vous nous en dire plus sur les raisons qui ont motivé sa création ?

Pierre Ballouhey – Dino Aloi, Alessandro Prevosto et Marco De Angelis ont crée cet « Almanach de l’Art léger » en 2012. Je parle un peu italien et je suis rentré en contact avec eux, c’est une belle collaboration. Ils m’ont demandé de dessiner la couverture de janvier. Nous avons organisé ensemble l’expo ”Inchiostro Coraggioso”. Nous étions ensemble sur scène à Forte dei Marmi pour recevoir le Premio Satirica Politica. Ils sont maintenant membres de Feco France.

Le Crayon – Et à quoi ou à qui doit-elle son nom ?

Pierre Ballouhey – Il faut se souvenir du Marquis de Sade, il dit que le boudoir dans les maisons closes était le lieu où les vieilles prostituées apprenaient le métier aux nouvelles. C’est leur ambition passer le témoin aux jeunes dessinateurs et initier le plus grand monde au dessin d’humour.

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Le Crayon – Pour conclure, je souhaiterai vous poser encore trois questions. La première est relative à votre enfance. Vous souvenez-vous d’un fait, d’un évènement qui vous ait révolté lorsque vous étiez enfant ou adolescent ? Pouvez-vous nous en parler ?

Pierre Ballouhey – Ho, les sujets de révolte ne manquaient pas dans les années 60, les vieux patriarches, le Général, les profs, les curés. Je n’ai pas d’anecdotes précises, mais ça m’a mené à l’UNEF des Beaux-Arts de Paris en mai 68. Et comme disait Albert Camus dans L’Été : « Je me révolte, donc je suis. »

Le Crayon – Quel serait le dessin satirique passé ou présent que vous auriez aimé signer ?

Pierre Ballouhey – Ho, beaucoup, quand je tourne en rond à chercher une idée sur un sujet d’actualité et que je tombe sur le dessin d’un confrère qui a été plus vite et plus pertinent, je me dis : « Oh, le salaud! » et je décroche mon téléphone ou je commente son dessin sur internet pour le féliciter.

Le Crayon – Enfin, vous ne cachez pas votre passion pour le jazz. Qu’en est-il de votre rapport à la littérature ? Y a-t-il un texte ou un poème que vous aimez particulièrement et dont nous pourrions reproduire un extrait?

Pierre Ballouhey – Oui, j’aime la musique de Jazz comme un fou et depuis toujours. C’est la musique des XX et XXI e siècles mais certains ne s’en sont pas encore aperçu. Toutes les musiques sont des héritières du jazz depuis cent ans : le blues, la soûl, le rock, la pop, la variété. Et puis l’improvisation, c’est tellement en adéquation avec les arts plastiques et graphiques. J’ai joué du sax ténor, mes fils sont musiciens.
Je lis moins que je ne le voudrais, j’épuise des auteurs systématiquement, je lis tout : Jean Echenoz, Arto Paasilina, René Frégni, Jean-Christophe Rufin, Boris Vian, Prévert, Queneau, Alfred Jarrie et Cavanna et Céline. Non, je n’ai pas de poème en tête. Mais cette phrase de Céline qui me fait tellement rire et qui est tellement vraie. Il répond à une question de Madeleine Chapsal, alors journaliste à L’Express : Parmi les écrivains d’aujourd’hui, en voyez-vous qui aient une musique, eux aussi ?
Louis-Ferdinand Céline : « Je ne peux pas vous dire parce que du moment qu’on écrit soi-même, on devient très partial. On a ses mécanismes, on est essentiellement mauvais critique. Au fond, tout ce qui n’écrit pas comme soit, c’est de la merde. C’est grotesque. Et je m’en rends très bien compte. Mais d’autre part tout ce qui n’écrit pas comme vous vous gène. Sans ça, l’on n’est pas du métier. »

Nous avions contacté Pierre Ballouhey, en vue de cet entretien début novembre. L’actualité tragique nous a amené à le poursuivre en lui posant cette dernière question :

Le Crayon – Le 13 novembre les balles et les explosions ont frappé de nouveau Paris dans une série d’attentats aveugles revendiqués cette fois par Daech. On évoquait votre expérience d’enseignant. Quel serait le message que vous souhaiteriez partager avec les jeunes qui grandissent entourés d’une telle haine ?

Pierre Ballouhey – Le plus important, c’est d’éviter les amalgames, d’être clair et net sur la laïcité, la comprendre, l’expliquer, apprendre à décoder les images. Je viens de rencontrer Jean-Louis Bianco à propos de son livre “L’Après Charlie”, il devrait être dans toutes les bibliothèques, dans toutes les classes.

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Entretien réalisé par Alexandre Faure

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